Guitariste - Compositeur

Bert Jansch - Un chanteur & un guitariste discret et talentueux

Bert Jansch est né à Glasgow, le 3 novembre 1943. Auteur-compositeur, chanteur et guitariste cet écossais est l’une des grandes figures de la musique folk britannique qui a eu une des influences certainement la plus marquée au sein de la scène guitaristique et musicale anglo-saxonne dans les années 1960 - 1970.
Bob Dylan le tenait pour un « génie » et pour Neil Young, avec qui Jansch a partagé une tournée aux États-Unis en 2010, il le considérait comme le « Jimmy Hendrix de la guitare acoustique ». Neil Young s’inspirera de la chanson « Needle of Death » de Jansch - plaidoyer antidrogue - pour sa chanson « The Needle and the Damage Done ». Le même Neil Young reprendra le motif de guitare de « Needle of Death » dans sa chanson « Ambulance Blues » parue sur son album « On the Beach » (1974).
Quant à Jimmy Page de Led Zeppellin, il emprunta la trame de « The Wagonner’lad » pour son « Bron-Yr-Aur Stomp » et revisita « Blackwater Side » pour son « Black Mountain ».
Pour Page, Jansch était l’innovateur de l’époque « Pendant une période, j’ai été complètement obsédé par Bert Jansch. Je ne pouvais pas y croire. C’était tellement en avance sur ce que tout le monde faisait alors. Personne aux Etats-Unis ne pouvait s’approcher de ça. ». Johnny Marr des Smiths a décrit l’effet de Jansch sur sa musicalité comme étant « massif ». Jansch a également influencé, Paul Simon, Donovan et un nombre incalculable de guitaristes.
Sa signature de guitariste
Passionné par les guitaristes blues comme Big Bill Bronzy, Brownie McGee ou le folk américain (Leadbelly), Bert Jansch a développé un jeu de guitare très personnel élaboré à partir d’une écriture en contrepoint, avec des fioritures baroques. Comme John Renbourn, ses instrumentaux naviguent entre le blues, la musique médiévale, le jazz.
Sa signature de guitariste est immédiatement identifiable avec un touché très raffiné, doux, délicat, sophistiqué mais qui peut s’avérer rugueux, avec beaucoup d’attaque allant parfois jusqu’à la torsion des cordes. Il utilise régulièrement l’accordage de sa guitare en DADGAD ainsi en drop D (basse en D).
Sa carrière et sa discographie (albums solos)
Au début des années 60, Bert Jansch partage à Edimbourg, un logement avec Robin Williamson, futur membre de groupe « Incredible String Band ». A cette époque Bert Jansch se destinait à un emploi de jardinier. Ami avec Jill Graham - la sœur de Davey Graham - celui-ci lui donne ses premiers cours de guitare et lui apprend les rudiments du métier et de 1961 à 1963.Pendant deux ans, il part sur les routes de France puis au Maroc.
A son retour en Angleterre, à 22 ans, Bert Jansch arrive à Londre et partage un modeste appartement avec Anne Briggs, chanteuse de folk revivaliste. Ne possédant pas de guitare à lui, il doit en emprunter une chaque fois qu’il doit jouer en club. Son premier disque, il l’enregistre avec une guitare prêtée par un admirateur.
A la même période, il se lie avec un autre guitariste virtuose - John Renbourn - : les compères partagent alors plusieurs appartements de1964 à 1967 tout en se retrouvant à l’affiche de plusieurs folks clubs comme les Cousins et sur leurs albums solos respectifs.
En 1965, sort son premier album éponyme « Bert Jansch » composé de 17 morceaux. La qualité et l’originalité de compositions, de chants sont particulièrement élévées. Des perles qui traversent le temps : avec certains titres emblématiques “Strolling Down the Highway“, “I Have No Time“, Needle of Death“ et évidemment la reprise d’« Angie » de Davey Graham. Cet album est suivi la même année de « It dont Bother me » qui s’inscrit dans la même veine.
En 1966, il enregistre « Jack Orion » et « Bert and John » avec John Renbourn un album instrumental mythique dans la continuité du duo de Graham et Alexis Korner.
En 1967, il crée avec la chanteuse folk Jacqui McShee, le contrebassiste Danny Thompson, le batteur Terry Cox et John Renbourn, le groupe Pentangle.
S’ensuit une période très intense de concerts - en salle ou lors de prestigieux festivals - tant en Angleterre que dans le monde entier. L’accès à cette grande notoriété s’accompagne d’une vie débridée proche des excès des rock-stars.
Au cours des années Pentangle, Jansch enregistre trois albums solos : « Nicola » en 67, « Birthday Blues » en 69, dans un style plus blues anglais que d’habitude Cet album sonne comme une version modifiée du Pentangle et produit par Shel Talmy (qui a également travaillé avec le Pentangle) avec Danny Thompson (basse) et Terry Cox (batterie), avec des touches occasionnelles d’harmonica (joué par le chanteur de blues britannique Duffy Power), de saxo alto et de flûte.
« Rosemary Lane » sorti en 71, est surement un de ses plus beaux albums, le plus abouti avec une finesse de compositions et d’interprétations. Ce type d’album que l’on l’écoute sans fin les jours de solitude ou en bonne compagnie.
Après la dissolution de Pentangle en 1973, il se retire dans sa ferme du Pays de Galles, en réapprenant son métier d’interprète solo.
En 1973, il sort « Moonshine » et en 1974, « LA Turnaround » ou il démontre sa qualité de compositeur et de song-writer au sommet de son art ; Fresh As A Sweet Sunday Morning, Chambertin, One For Jo et une réinterprétation de Needle Of Death sont des perles intemporelles. A la sortie de cet album, il retourne vivre à Londres
Mais sa forte consommation d’alcool pèse considérablement sur ses performances et sa fiabilité.
L’année suivante en 1975, sort « Santa Barbara Honey Moon » puis en 76 « A rare Conundrum »
En 1978, Jansch enregistre avec le multi-instrumentiste Martin Jenkins un album-concept « Avocet » qui contient un titre de 18 minutes inspiré de la chanson traditionnelle « « Cuckoo, et cinq autres pièces portant le nom d’oiseaux.
En 1982 sort « Heartbreak » et participe à la reformation de Pentangle, mais Renbourn, Thompson et Cox s’en vont en quelques années et la carrière solo de Jansch commence à décroitre : le punk, les musiques électro prennent la place du mouvement folk.
Suit « From The Outside » en 1985.
En 1987, Jansch tombe gravement malade et doit abandonner radicalement l’alcool. Il continue à écrire des chansons et à faire des albums : «Leather Laundrette » avec Rod Clements en 89, « The Ornament Tree » et « Sketches » en 90.
A partir des années 90, plusieurs films documentaires, articles, livres sont réalisés qui contribuent à renouveler sa réputation : « Acoustic Routes » (92) et «Walk On » (92) avec Brownie McGhee, «Dreamweaver » (2000), la grande série télévisée de la BBC « Folk Britannia », la biographie de Harper «Dazzling Stranger » (2000) et des articles dans Guitar Man et Song Man.
Il enregistre «When the Circus Comes to Town » en 1995 avec un hommage au médecin qui l’a sauvé - The Lady Doctor from Ashington et l’album est suivi de nombreuses tournées internationales et d’une apparition télévisée dans « Later with Jools Holland ».
En 1998 il sort « Toy Balloon » et son 21e album solo « Crimson Moon » paraît en 2000.
En 2001, Bert a reçoit un BBC Radio 2 « Lifetime Achievement Award ».
En 2002 sort « Edge Of A Dream » (avec Bernard Butler, Hope Sandoval, Dave Swarbrick et Ralph McTell) qui est acclamé par la critique à travers l’Europe.
En novembre 2003, Bert célèbre son 60e anniversaire avec une émission spéciale de la BBC sur BBC4, et un concert d’anniversaire joué à guichets fermés avec une multitude d’invités au « Queen Elizabeth Hall » de Londres.
En 2005, Jansch subi une chirurgie cardiaque.
En 2006, Bert enregistre « The Black Swan » avec les musiciens et chanteurs Beth Orton, Devendra Banhart, Otto Hauser, Helena Espvall, Kevin Barker, Paul Wassif, Maggie Boyle. Huit nouvelles compositions et quatre titres réarrangés du répertoire traditionnel ; le magnifique « Black Swam », « When The Sun Comes Up », l’instrumental « Magdalina’s Dance » avec Paul Wassif, et la flûtiste Maggie Boyle,
Cet album est salué internationalement comme l’un de ses plus grands albums et il reçoit le « Prix du mérite » du magazine MOJO, prix « fondé sur une carrière élargie qui continue d’être une source d’inspiration ».
Bert Jansch reçoit un doctorat honorifique de l’Université Napier d’Édimbourg en 2007 et la même année, il se produit avec le chanteur des Babyshambles, Pete Doherty et Beth Orton qui joue sur son album « The Black Swan ».
En 2008, Pentangle se reformera avec ses membres d'origine, pour la première fois depuis plus de trente ans, à l'occasion de la remise d'un « B.B.C. Radio 2 Folk Award » célébrant l'ensemble de la carrière du groupe.
En 2009, il annule une tournée aux Etats-Unis après la découverte d’un cancer au poumon qui entraine l'ablation d'un demi-poumon et le suivi d’une chimiothérapie.
Il repartira en tournée en première partie de Neil Young, au printemps 2010 et participe au Festival « Crossroad »s organisé par Eric Clapton ou il chante « Blackwaterside ».
Le 1er août 2011, Bert Jansch donne ses derniers concerts, à Glastonbury, au festival folklorique de Cambridge et au Royal Festival Hall de Londres, au sein du Pentangle avec les membres d’origine.
Bert Jansch décède d’un cancer du poumon à 67 ans le 5 octobre 2011.
« Bert Jansch était cette rareté, un musicien qui méritait vraiment d’être considéré comme une légende, et qui a conservé ce statut tout au long de sa carrière. Il était un guitariste extraordinaire et un auteur-compositeur réfléchi, et des générations de aspirants cueilleurs assis à ses concerts regarder son doigt avec envie et étonnement (…). Il était un artiste unique. » Robin Denselow